ECR… HARMOS… PISA : le temps venu des évaluations externes


Certains collègues nous ont encore récemment interpellés. De manière rude ! Et quoi, la SPV soutiendrait ces épreuves cantonales de référence (ECR) ?
Article à paraître dans Majuscules de janvier 2005.


Des collègues sont fâché-es ! Devant les difficultés liées aux consignes, à l’adéquation des épreuves avec le plan d’études… et, surtout, à leur correction, ces confrères menacent de ne plus corriger les épreuves, cantonales de référence, voire de ne plus les faire passer. Et le font savoir en haut lieu. Bigre !


On peut comprendre. Nous l’avons écrit, l’écrivons et continuerons à l’écrire : Balancer aux enseignant-es, sans autre forme de procès, des nouveautés et des réformes dont les enjeux ne sont pas explicités conduit inexorablement au blocage, au cabrage et au refus. C’est ainsi que les enjeux d’EVM n’ont pas été réellement débattus avant le vote de 1996 et c’est ainsi que bien des éléments de la réforme sont partis en quenouille !

Nous en sommes persuadés, toute révolution culturelle dans l’école doit être discutée dans les établissements, et être portée par des responsables de la pédagogie identifiés et reconnus par leurs pairs.

Ainsi, à notre connaissance, aucune formation particulière n’a pu être donnée par exemple aux chefs de file en ce qui concerne les ECR. Et les collègues - nous sommes contraints à nous répéter - se sont retrouvés encore une fois… tout nus !

C’est particulièrement dommage en la circonstance.

Pourquoi, défendre les évaluations externes?

Si nous voulons militer pour une liberté d’action retrouvée, pour une plus grande autonomie des équipes et des écoles, encore faut-il que le cadre soit fixé (par les plans d’études et les directives cantonales) et que l’on puisse rendre compte de l’action et de l’efficacité des choix conduits dans les établissements. Que l’on puisse également avérer de l’équité générale du système. Et que les établissements et les enseignant-es puissent demander des moyens plus adéquats ou un accompagnement spécifique dans le cas où la cible serait par trop manquée, ou avérée comme inadéquate !

C’est dans ce sens qu’il nous semble possible de promouvoir :

- les ECR pour assurer l’équité cantonale (il n’est plus acceptable, par exemple, que le nombre d’élèves orientés en VSO puisse varier du simple au triple selon les régions…) ;

- les épreuves au niveau suisse ou romand (liées à PECARO ou projet HarmoS actuellement en développement), afin de comparer inter-cantonalement les systèmes et leur efficacité. Et là encore de se saisir de ces indicateurs en termes d’éventuelles remédiations à inventer, à promouvoir. … ou à revendiquer ;

- les épreuves internationales (TIMMS, et maintenant PISA), afin de pouvoir comparer les systèmes à une plus large échelle. Et d’en faire un usage… prudent et réfléchi !

Ce qu’il faut dire et exiger

Nous ne sommes pas pourtant béats et naïfs, c’est pourquoi nous devons conditionner notre soutien à ce type d’évaluation (ECR, HARMOS, PISA…), notamment, aux exigences suivantes :

- Trouver des occasions de débattre des enjeux, de l’utilité, de l’utilisation potentielle de ce type d’évaluation ;

- Désigner clairement la fonction de l’épreuve, ses destinataires ainsi que ceux de la publication des résultats;

- Assurer la « scientificité » de l’épreuve ;

- Assurer l’équité de passation,… et de correction ;

- Refuser de faire des épreuves un instrument de découpage des programmes ;

- Confirmer l’orientation du travail en classe selon des objectifs de cycle ;

- Refuser que les disciplines et les contenus des épreuves ne deviennent ceux uniques de l’école ;

- Rappeler qu’il existe bon nombre de compétences que l’on ne peut évaluer à travers une épreuve papier-crayon ;

- Rappeler que d’autres indicateurs de qualité peuvent exister, tels que le degré d’intégration des élèves, le développement de projets plus ciblés sur la socialisation ou…le climat de travail dans l’établissement;

- Ne pas se précipiter vers des conclusions et des modifications hâtives une fois les résultats obtenus ou publiés ;

- Demander si nécessaire un accompagnement à l’analyse des résultats ;

- Refuser toute approche de mise en compétition des établissements ;

- Refuser de considérer les épreuves comme une évaluation de l’enseignant.


Dans le cas qui nous occupe, celui des épreuves cantonales vaudoises, force est de constater que ces éléments n’ont été discutés ni dans les établissements ni avec les associations d’enseignants.

On comprend d’autant mieux les réticences des collègues.

Au moment où la Loi scolaire renforce l’existence des ECR, que les déclinaisons réglementaires y relatives doivent être adoptées sous peu, si elle manque l’étape de discussion des enjeux, la DGEO se prépare des lendemains qui déchantent.

Nous invitons les responsables vaudois de la pédagogie à le faire au plus tôt.

La présentation prochaine des nouveautés liées à l’évaluation dans des conférences décentralisées en est une excellente opportunité.



Jacques Daniélou, pdt SPV /décembre 2004