170 collègues au Forum SPV du 29 octobre!


Se parler, échanger, féconder d’autres lieux et d’autres esprits, faire émerger des idées neuves, tel était un des objectifs du forum initié par la SPV et intitulé: "Innovations dans le champ de la pédagogie compensatoire et de l'intégration".


Les 170 collègues, directeurs d’établissement et représentants de l’institution présents au Mont-sur-Lausanne, le 29 octobre dernier, n’étaient pas venus les mains vides. Ils sont repartis nourris de l’expérience des autres et munis d’idées et de projets innovants en terme d’organisation du travail pédagogique.


Quand il s’est réuni pour la première fois, en février 2002, le groupe de travail de la SPV avait pour ambition première de faire le point sur les questions qui pouvaient se poser autour du concept désigné - faute de mieux - sous le vocable d’intégration.

Ainsi, est rapidement apparu que la limite semblait être atteinte en terme de création de structures spécifiques pour les élèves en difficulté, qu’en particulier on pouvait s’interroger sur le statut des enseignantes et enseignants de classes de développement, et que si la SPV pouvait soutenir l’idée selon laquelle il était préférable de tout tenter pour maintenir le maximum d’élèves possible dans le cursus ordinaire, cette volonté se heurtait à des contingences diverses.

Le 24 mai 2002, à Lausanne, l’assemblée des délégué-es de la SPV adoptait une résolution au DFJ qui demandait notamment que le département “inventorie, promeuve et évalue les diverses initiatives et projets mis en place dans les établissements du canton”.

Impatient, et ne voyant venir que peu de choses du côté de la Barre, le groupe de travail s’est mis à la tâche et a invité les établissements du canton, avec le soutien de l’ADESOV, à faire connaître ce qui pouvait bien avoir été mis en place en terme de projets originaux et innovants, d’initiatives concrètes en vue de réaliser un des objectifs d’EVM: lutter de manière accrue contre l’échec scolaire.

Offrir un espace d’échanges dénué d’a priori, mettre en contact des enseignants qui se sont lancés dans des projets innovants et des organisations originales, les conduire au dialogue avec d’autres collègues qui désirent aller de l’avant, mais qui hésitent peut-être encore à se lancer… Dépasser la peur et affirmer la volonté de faire autrement, telle était d’abord l’ambition du groupe de travail organisateur du forum.

9 projets ont ainsi été présentés en cet après-midi où les brouillards contrastaient avec l’attention solaire des collègues présents.


Que retenir ?


A l’heure de l’analyse «à chaud », et sans préjuger du contenu des «actes » du forum, que la SPV publiera à mi-décembre, on pourra, notamment, retenir les premiers éléments suivants :

- Discuter d’un projet innovant, l’initier, le réaliser, tend à briser l’isolement relatif des maîtres et des élèves ; c’est de l’énergie gagnée .Partager le « poids » des élèves en difficulté est un facteur de lutte contre le découragement et la pénibilité;

- Les éléments déclencheurs sont de nature très diverse : ils s’inscrivent évidemment dans la « mouvance » EVM et la volonté de réduire l’échec scolaire (même si des projets ont été initiés hors de ce contexte), sont liés à des personnes et des personnalités fortes, s’ancrent dans la discussion autour des structures, des effectifs ou des élèves en grandes difficultés scolaires, mais aussi comportementales ;

- Les projets sont d’abord liés aux conditions locales. Leur démarrage est parfois difficile et les résistances diminuent par la pratique ;

- La validation doit être donnée par l’ensemble des collègues de l’établissement, afin de ne pas simplement remettre les difficultés subies à des collègues qui s’engagent différemment;

- Les projets ne sont pas directement transposables. Ils n’ont pas valeur d’exemplarité, mais doivent être source de volonté et d’inspiration ; la question de leur pérennisation est posée. Liés à des personnes, ces projets restent fragiles ;

- Les ressources pour initier et faire vivre les projets originaux sont d’abord à chercher au sein de l’établissement. La DGEO, le SESAF et la HEP sont à considérer comme des éléments d’appui ou de validation;

- Le co-enseignement permet des approches pédagogiques différenciées, voire franchement individualisées ;

- Par l’intégration des élèves en difficulté dans des structures « ordinaires », on réduit fortement l’effet d’étiquetage, et, ce faisant, on induit de meilleurs facteurs de réussite ;

- Il s’agit d’envisager les décloisonnements, tant verticaux (intégration des degrés) qu’horizontaux (intégration des élèves du même âge dans la structure « ordinaire ») ;

- La question de la « valeur ajoutée » et de l’évaluation reste posée. « Que les maîtres et les élèves se sentent mieux », est vraisemblablement insuffisant pour affirmer la qualité des projets.


A l’heure de la conclusion, les remarques de Walo Hutmacher, invité surprise du forum, ont permis de repartir nourri de nouvelles questions :

« Comment garder l’esprit d’innovation ? Faut-il promouvoir les projets innovants ou, plutôt, privilégier l’esprit d’innovation qui permet les projets innovants ? Comment faire en sorte que les pionniers ne soient pas à terme les opposants d’une généralisation de ce qu’ils ont mis en place de manière « intime » ? Comment entrer en rupture avec l’idée que l’équité serait assurée par un système uniforme et, dès lors, quels systèmes de régulation soutenir ? »

Un directeur d’établissement présent au forum et très engagé dans la promotion de l’innovation pédagogique plaçant finalement la question sur un axe auquel il n’a pas été répondu et qui constitue pourtant le cœur d’une approche volontariste de l’intégration :

Les lignes directrices de l’action sont d’abord philosophiques, voire politiques. C’est bien la volonté de voir émerger une meilleure justice sociale qui doit donner du sens à l’innovation.