Rencontre AVEC-SPV


Après les salves initiales qui avaient marqué l’émergence de l’Association vaudoise pour une école crédible, il était temps de se parler et de ranger les winchesters !


Le 10 octobre dernier, les comités respectifs de AVEC et de la SPV ont pu débattre, de manière parfois vive, mais dans le respect et la cordialité ; mesurer les écarts de leurs approches et développer les points sur lesquels ils pouvaient se rejoindre.

Si les deux comités partagent, dans la foulée des résultats de l’étude PISA, le fait qu’il est inacceptable de voir près de 20% des élèves vaudois ne pas atteindre les minima attendus en lecture, notre approche diverge en ce qui concerne les remèdes, notamment la mise en cause du système scolaire. La défense première par nos collègues de la sélection en fin de 6ème, (« c’est le dernier moment pour le faire», affirment-ils) , opposent le comité d’AVEC et celui de la SPV. Mais, AVEC rejoindrait la volonté du comité SPV de voir mis en débat le système en filières, si les moyens mis en œuvre étaient à hauteur de l’ambition d’une école hétérogène au secondaire I (moins de 20 élèves par classe, celle-ci tenue par 2 enseignants).
Ainsi, si AVEC affirme très clairement que ce n’est pas d’abord le « confort du maître » qui est interrogé, mais en premier la réussiste de l’élève, l’ambiguïté n’est pas totalement levée.
AVEC assume une approche « ras des pâquerette ». Nous rejoindrions volontiers cette vision pragmatique- qui est par ailleurs et dans d’autres cénacles, souvent reprochée à la SPV ! - si la nouvelle association ne donnait pas l’impression de défendre un simple statu quo. Il ne suffit pas de dire qu’« être réactionnaire n’est pas obligatoirement avoir une vision du passé » ; soyons clairs : en militant pour l’initiative libérale (les deux comités se rejoignent pour estimer qu’il est difficile d’attendre), en soutenant la pétition pour un retour à deux bulletins, en militant pour la pure « transmission du savoir » et une école qui fait d’abord, notamment en français « apprendre des règles »; c’est bien « l’école d’avant » que l’on prône. Pourquoi pas ? l’embêtant est que c’est bien parce l’école avait atteint ses limites que des réformes ont été engagées.
Les faits sont têtus et les enjeux récurrents.
Par contre, les deux comités se rejoignent pour défendre l’école comme une institution « républicaine » et s’opposer à toute forme de « bon scolaire ». De même, nous partageons l’idée, (AVEC fait référence à Walo Hutmacher et aux conférences des journées d’Oron !), que la réforme a été mal pilotée dès le départ, n’a pas su s’appuyer sur les maîtres - ne serait-ce que les plus convaincus et enthousiastes -, que le sentiment de flou n’est pas dissipé et que les maîtres restent souvent tout nus face au changement.
Nos positions sont aussi communes sur le certificat de fin d’études : beaucoup de bruit pour rien ! Même si nous partageons l’idée selon laquelle sa valeur symbolique (rite de passage) est peut-être à défendre.
Pour AVEC, la responsabilité de l’orientation en fin de cycle doit définitivement rester à l’école. Contrairement au comité de la SPV, qui estime que cela peut être discuté, nos collègues sont peu sensibles à l’argument qui consiste à présenter l’analyse du conseil de classe comme l’élément premier d’aide à cette décision, celle-ci restant in fine de la responsabilité des parents.
A ce stade, et au-delà de ce que l’on peut partager, reste le fond qui sépare les deux comités Nous n’avons pas le sentiment qu’AVEC défend le même projet d’école que celui soutenu par le comité de la SPV.
Et si nous pouvons nous mettre d’accord sur les questions, il est évident que nos réponses divergent fortement. Nous continuons d’affirmer que l’on peut passer l’épaule et que les grands axes de la réforme doivent être, nous seulement soutenus, mais réactivés.
Aujourd’hui, si le contact est établi, la dispute (au sens religieux) n’est de loin pas finie.
Que nos collègues de la SPV qui ont rejoint ou qui désireraient rejoindre AVEC se rassurent. La SPV a entendu les représentants de cette association. Le comité n’hésitera pas à en intégrer les éléments de réflexion signifiants, dans la mesure où ils permettent de construire une école porteuse d’avenir.
Ce débat est non seulement utile, il est essentiel. Il peut et doit encore mieux trouver place à l’interne de la SPV.