VSO/VSG, le débat continue…


Non, non, ce n'est pas notre Président qui a changé d'avis ou qui provoque une nouvelle polémique; c'est simplement un collègue qui vous propose une approche (un peu provocatrice, il est vrai) différente d'un des sujets débattus lors des rencontres délocalisées organisées par le comité de la SPV.


Bilan EVM


Un des éléments négatifs qui est sorti du premier bilan sur EVM est la mauvaise image qu'a la voie secondaire à option (VSO). On parle bien d'image, pas de la réalité (plusieurs films ne pourraient rendre compte de la diversité, des richesses, des problèmes rencontrés dans cette voie… et dans les autres d'ailleurs).

Le cadre général qu'a proposé le groupe de travail qui a « construit » l'actuelle VSO est à la fois souple et structuré ; des espaces de liberté ont été laissés au « génie local », des adaptations à des contraintes particulières peuvent être mises en place.. Le travail qui se fait dans cette voie est bon, voire très bon. Alors…

Alors… qu'est-ce qui a été fait, dans et par le DFJ pour valoriser l'image de cette voie ? Peut-être avez-vous, dans votre établissement, œuvré à bien la « vendre », peut-être n'avez-vous rien fait, rien pu faire… Il reste que, au niveau du Département, on n'a pas vu grand- chose ! Comment dès lors s'étonner que cette voie, perçue (dans un premier temps en tous cas) comme un échec par les parents et leurs enfants, soit mauvaise ! Comment croire que le travail qui s'y fait est de qualité alors que, au sein même du DFJ, on pense que 25% d'élèves en VSO, c'est trop (sous-entendu… la VSO ne devrait accueillir que les « fond de tiroirs, que les cas). On se souvient que pendant la campagne pour EVM, la revalorisation de la VSO était un des objectifs prioritaires… On entre maintenant de plain pied dans l'ère de la dévalorisation et des trahisons.

Que d'aucuns cherchent maintenant à récupérer politiquement ce « point noir » me paraît à la fois normal (on a les arguments politiques qu'on peut) et dangereux (la complexité des élèves qui la peuplent ne peut pas être réduite à des conjectures structurelles et à des slogans électoraux).

C'est quoi la VSO?


On trouve dans cette voie des élèves qui, pour la majorité, ont un développement intellectuel un peu plus lent, plus tardif que la moyenne (oups ! je suis pas encore totalement EVMisé!); on en trouve aussi qui sont brillants dans certaines disciplines, moins dans d'autres ; on trouve encore des jeunes démotivés, peu scolaires, mal dans leur peau… C'est souvent le profil de ces derniers (aïe, le lapsus!) que l'on utilise pour (dé-)qualifier la division terminale et la VSO qui la remplace. Pourtant, cette voie, depuis des années, a réussi à accueillir, à accompagner, à former ces élèves réunis suite au couperet de l'orientation. Si certains sont aujourd'hui vendeurs, réparateurs, monteurs ou peintres, d'autres, après un parcours plus ou moins long pratiquent des métiers de rêve ; si cette voie n'a pas pu les aiguiller directement sur la bretelle de l'autoroute des formations « haut de gamme », elle ne les a pas empêchés de se réaliser.

Dans des conditions difficiles (hétérogénéité des acquis, des cultures, des comportements), les maîtres de cette voie, dans une structure cohérente, ont mené à bien une tâche qui relève autant de l'éducation que de la pédagogie. Et on voudrait détruire cet instrument ?

Quelques points de comparaison :


Actuellement, cette voie offre :

Et la VSG?


Si on regarde la VSG, on peut constater de grandes différences entre les établissements, (ville/campagne, 2 voies/3 voies) en particulier au niveau de la maîtrise de classe : elle est très souvent tenue par des maîtres issus de l'université qui ne peuvent assurer un grand nombre de périodes dans la classe. C'est pas la quantité qui compte, mais la qualité… diront certains…Oui ; il reste cependant difficile de faire des suivis individuels dans des classes de 26 élèves qui voient défiler parfois plus de 12 maîtres différents dans la semaine et qui comptent aussi, parmi eux, quelques individus dont les comportements ne correspondent pas toujours à ceux que l'on aimerait voir !


En réunissant ce deux voies… on pourrait trouver:

Si…


La réflexion ci-dessus me pousse donc à préférer un système à 3 voies… et à réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour valoriser et faire connaître les qualités de cette voie.

Si un système à deux voies devait voir le jour, c'est bien la VSG et la VSB qui devraient être accouplées, pour laisser à la VSO les moyens adaptés dont elle dispose. Le passage à 2 voies pose d'ailleurs d'autres questions : un cycle de transition de 2 ans est-il vraiment nécessaire ? Il y aura, dans une même classe, des élèves à la frontière de la voie « académique » et d'autres, démotivés, à deux doigts de … la rue. Si des écarts existent déjà maintenant en VSO et en VSG, il seraient, à l'évidence, nettement plus importants. Mais peut-être qu'alors, on créerait des classes particulières pour regrouper les candidats aux passerelles vers la voie académique ? 


Les propositions lues dans la presse, qu'elles émanent d'enseignants ou de politiciens qui se prennent pour des enseignants me font peur ; elles ont un point commun : elles véhiculent l'idée qu'une réforme structurelle pourra résoudre le problème, or chacun sait très bien que la vraie réforme, c'est dans les classes et dans les têtes qu'elle doit avoir lieu, pas sur les bureaux de technocrates. Il est intéressant d'avoir une idée… il est dangereux de n'en avoir qu'une !

Pierre Fornerod