AD 2002 - Lausanne: Le débat nécessaire sur l'intégration


Les résultats de l'enquête Pisa montrent - mais l'approche est peut-être encore par trop superficielle - que les pays qui intègrent un maximum d'élèves dans le cursus scolaire ordinaire (la Finlande comme Paradis pédagogique…?) obtiennent les meilleurs résultats.


D'autre part, les débats de la dernière assemblée générale de l'AVMD ont fait ressortir que le système d'»exclusion» a maintenant dépassé ses limites. De plus en plus souvent, la décision de sortir un élève de l'enseignement ordinaire est due à des problèmes comportementaux. Ainsi, les classes D tendent à perdre leur spécificité et deviennent des lieux incertains, de moins en moins gérables. Les maîtres de classes D sont alors tentés de jouer la purification pédagogique et de demander un placement en institution spécialisée. Or, celles-ci sont étranglées sous les demandes et doivent maintenant exclure des élèves «impossibles». Et la justice d'interroger le système en proposant un retour dans la scolarité ordinaire… Ainsi, le serpent se mord la queue. Un coup de pelle vers le haut et quand la benne est pleine, on déverse le tout… et l'on recommence à peller. Sisyphe n'est pas loin!

Dans notre canton, sous l'impulsion de Cilette Cretton, Directrice générale adjointe à la pédagogie dans l'école obligatoire, un audit sur les différentes mesures d'appui a été initié… c'est un début! D'autres cantons se penchent sur la problématique (voir l'article de Jean-François Kunzi dans l'Educateur d'avril sur la situation neuchâteloise). En France voisine, l'intégration des élèves «différents» dans le cursus ordinaire a même vu s'opposer le parti communiste aux autres forces parlementaires, les post-staliniens demandant un dépistage systématique de la surdouance et de la dyslexie!

Le Congrès de Sion de la SPR, en 1983 déjà, proposait des pistes, notamment que tous les élèves soient instruits et éduqués ensemble le plus longtemps possible dans des classes indifférenciées ou hétérogènes. Avec la restriction que l'enseignement, lui, soit différencié et personnalisé. L'AVMES, lors de la mise en place d'EVM, interrogeait la spécificité de la pédagogie compensatoire et discutait de savoir si l'on devait intégrer tous les élèves, et à tout prix, dans l'école ordinaire, l'objectif final restant une intégration «dans la vie»…

Cette réflexion n'est donc pas neuve, qui agite les penseurs de la pédagogie, les acteurs politiques, les associations de parents et les salles des maîtres. Nous faisons le pari qu'entre tenants d'une orientation dure et précoce (l'illusion de l'homogénéité) et doux rêveurs d'une intégration complète (l'hétérogénéité posée comme attendu philosophique et politique), il doit bien se trouver un espace raisonnable.

Ainsi, la SPV a initié un groupe de travail, autour de Jacques Cuttelod, président de l'AVMD, afin qu'une position soit présentée, discutée et, pourquoi pas, avalisée lors de l'Assemblée des délégué-es 2002 de Lausanne.

A ce jour, après avoir tenté une mise à plat de la problématique et fait émerger les champs de tensions sous-jacents à une approche intégrative du cursus scolaire, le groupe de travail présentera une position basée sur les axes suivants:

développement de projets individualisés, centrés sur l'élève;
mise en réseau des ressources propres à l'établisssement (enseignants ordinaires, maîtres de classe D, soutien pédagogique spécialisé, prestations psycho-pédagogiques, liens avec les institutions…);
approche par objectifs et mise en place de conditions spécifiques d'apprentissage;
reconnaissance des initiatives locales innovantes;
diffusion de pistes concrètes;
formation et accompagnement des besoins spécifiques aux équipes locales.


Ce débat est fondamental. Il doit éclairer le moyen et le long terme de l'organisation scolaire de notre canton et des approches pédagogique que la SPV se doit de continuer à défendre… sans oublier une approche plus corporatiste de la spécificité des collègues!


Il ne s'agit pas à ce stade de proposer obligatoirement un système unique pour le canton (l'équité doit être néanmoins respectée!) et de lancer une révolution structurelle susceptible de se fracasser en un débat stérile et de pure idéologie… même si le débat sur l'intégration ne nous semble pas pouvoir faire l'impasse sur la sélection et le système en filières!

Comme on le voit, le groupe de travail mise d'abord sur la responsabilité des équipes locales. Si les besoins sont différents, il nous semble que les réponses doivent être inventées sur le terrain, afin de répondre aux difficultés particulières des maîtres, des familles et - d'abord - des élèves !