Un «Conseil d'école»… vite!


Le 19 janvier, à Lausanne, une rencontre multipartite s'est déroulée, sur l'initiative du SENEPS, autour du thème du « partenariat Ecole-famille ». Des actes seront publiés, dont nous rendrons compte.


Le Comité de la SPV milite ici plus particulièrement pour la réalisation d'un véritable lieu d'échanges entre les différents acteurs de l'école. Il propose ainsi de dépasser le simple « partenariat » par la création d'un «Conseil d'école».


Si, dans la plupart des cas, un modus vivendi est trouvé entre parents et enseignants, force est de constater que nous sommes loin d'une vraie confiance et que bon nombre de nos collègues ne manqueraient pas d'affirmer que, loin de s'améliorer, les relations sont plus tendues qu'il y a quelques années encore.

Dans un monde où l'école aurait pour seule mission de transmettre des savoirs, il importerait peut-être moins de savoir par quels actes magiques le cursus scolaire pourrait dérouler ses effets et permettre de rallier les buts fixés. Mais, chacun en est conscient, l'école ne se contente pas d'instruire. Elle seconde - quand elle ne s'y substitue pas! - les parents dans l'éducation des enfants… Les tâches éducatives y sont parfois premières. Elles consistent à mettre d'abord en place les conditions de base pour que l'enseignement-apprentissage puisse trouver sa réalisation. Dans ce cadre, nous serions bien mal inspirés ne pas tenir pour légitime la volonté des parents de s'interroger sur les actes et systèmes scolaires, les méthodes pédagogiques, le contenu des programmes et des moyens d'enseignement ou même la personnalité de celles et ceux à qui ils confient leurs enfants.

Nous sommes donc prêts à affirmer fortement qu'un lien solide doit relier le maître ou l'équipe enseignante aux parents ou personnes responsables de l'enfant.

Si nous estimons que l'on peut se mettre d'accord sans trop de difficultés sur les buts généraux de l'école, tels que définis par la loi scolaire, il n'en va pas de même quand on aborde les méthodes et les moyens. Si, chez le maître ou l'équipe pédagogique, les parents peuvent trouver un interlocuteur commun, il n'en va pas de même pour l'enseignant. Autant d'approches et de cultures familiales que d'élèves. Tel parent exigera des devoirs à domicile, tel autre les estimera superflus, telle mère ou tel père « tirera à la même corde éducative » que l'institution, tels autres pourront aller jusqu'à défendre les incivilités répétées de l'enfant. Telle famille établira sans difficulté une relation constructive pour le meilleur de l'élève, telle autre le remettra sans autre forme de procès à l'école, charge à elle d'en tirer le meilleur.

Comment pourrait-il en être autrement si l'on ne reconnaît pas la spécificité sociale de l'école; si l'on refuse de voir en elle une des rares institutions qui font vivre le coeur de la démocratie. A se lancer dans une logique de service - de club de services - où chacun viendrait faire son marché, on s'offre immanquablement à la comparaison ou à la concurrence, et le rapport parents-enseignant se réduit à une négociation pied à pied, dans le seul intérêt immédiat de son enfant propre, qui comme chacun le sait, est toujours « meilleur » que ce que l'enseignant peut en observer!

Un « législatif » de l'établissement


C'est pourquoi, afin de lutter contre ce rapport réducteur, nous appelons à la création d'un véritable « conseil d'école », où tous les acteurs pourraient débattre et construire un consensus. Où les divers « partenaires » pourraient s'accorder sur les missions et les attitudes et éviter ainsi la tentation de la défense d'intérêts purement personnels.

En ce Conseil - dans un cadre géographique à débattre et doté de pouvoirs signifiants - où parents, enseignants, représentants politiques, responsables de sociétés locales, et élèves seraient représentés, pourrait être débattus les horaires, les transports, les devoirs à domicile, les postures pédagogiques, les moyens d'enseignement ou même une part des programmes tendus vers des projets communs. On y pourrait trouver des  « parents-conseils ou relais » et des enseignants prêts à ouvrir leur classe et le coeur de leur profession. Chacun pourrait y expliquer et y préciser les limites de son action. Chacun pourrait y défendre la limite de ses responsabilités. Lieu d'échanges et de formation, ce conseil devrait dépasser la notion fermée de partenariat. Il s'agirait du lieu concret du débat démocratique scolaire. Il en va peut-être de la survie de l'Institution que nous défendons. Car, c'est de la méconnaissance des problèmes spécifiques que naissent les peurs et la méfiance. Si nous n'y prenons garde, les parents, comme l'école, fonctionneront à plusieurs vitesses. Les « lettrés » qui fuiront une école qui ne les a pas entendus et les « autres », qui se contenteront de l'enseignement public. Les « autres » qui se tairont, car il ne sauront prendre la parole… mais qui n'en penseront pas moins!