Pénibilité du travail chez les enseignants: les petits pas du Conseil d’Etat


En juin 1999, près de 5000 collègues répondaient à une enquête initiée par la SPV sur « l'état physique et mental des enseignants vaudois ».


Ce questionnaire, dépouillé par l'IST (Institut romand de santé au travail), a abouti à un rapport dont les conclusions sont maintenant connues: «c'est principalement la question des changements apportés par les réformes et celle de l'effectif des classes qui sont ressenties comme source de stress et de tensions». Ainsi, 96% des collègues réclament une diminution des effectifs. De plus, il convient de signaler que le nombre jugé « acceptable » d'élèves va dépendre des approches pédagogiques. On sait que la réforme EVM induit un enseignement plus individualisé et différencié, plus pénible à mettre en oeuvre avec un effectif d'élèves élevé. De même, l'hétérogénéité sociale et culturelle est plus difficile à gérer en fonction de l'effectif.

Certains pourront penser que l'on enfonce des portes ouvertes. Il convient de rappeler que ces phénomènes sont pourtant difficiles à mettre en lumière par une approche étayée et une méthode scientifique.

Fort de ces constatations, un groupe paritaire « pénibilité dans le secteur de l'enseignement », présidé par l'ancien préfet Marcel Gorgé, a formulé un certain nombre de propositions tendant à réduire les maxima et les normes réglementaires: une quarantaine de classes supplémentaires sont demandées dans ce cadre.

Déjà présentée en juin 2000, cette requête n'a pas encore abouti et le secteur de l'enseignement est le dernier de l'Etat à n'avoir pas pu profiter de réallocations dans le cadre de la pénibilité; à telle enseigne que l'on peut s'interroger sur la volonté du Conseil d'Etat de prendre réellement en compte le burn-out des enseignants.

Des mesures palliatives… totalement insuffisantes!


Pour l'heure, des mesures « palliatives » ont été décidées par le Conseil d'Etat, afin de soulager un tant soi peu le pensum jusqu'à la fin de cette année scolaire: ce crédit de 1,8 million doit permettre d'accorder des mesures d'assistanat, tant au primaire qu'au secondaire I, à raison de 4 périodes hebdomadaires par classe dépassant les maxima réglementaires.

Le comité de la SPV salue ce premier train de mesures qui nous semblent aller dans le bon sens. Néanmoins, ce crédit ne permet en fait que de rétablir des mesures victimes de coupes budgétaires. Nous soulignons qu'elles ne sauraient lutter réellement contre la pénibilité et que l'objectif reste bien la demande de postes supplémentaires liée à une diminution des effectifs.

Ainsi, les enclassements de la rentrée 2001 devront prendre en compte l'évolution démographique, le respect des normes réglementaires, les difficultés liées à la mise en oeuvre d'EVM, et les demandes du groupe paritaire « pénibilité ». Ces quatre critères ne se recouvrent pas: en respectant les normes, on ne lutte pas contre la pénibilité, on ne fait qu'appliquer la loi. Si le Conseil d'Etat affirme son soutien à EVM, celui-ci passe notamment par une réelle reconnaissance de l'engagement de nos collègues.

Ce dossier doit aboutir, vite et maintenant. Le comité de la SPV ne transigera plus. Il fixe comme limite ultime la rentrée 2001. Dans le communiqué de presse qui annonce les mesures d'assistanat, le Conseil d'Etat fait état d'une « approche qui comprendra ultérieurement des mesures pour la rentrée scolaire 2001 ». Notre gouvernement doit maintenant tenir ses engagements.